Agglomérations

Mieux répondre aux enjeux spécifiques des agglomérations transfrontalières

Les transports et la mobilité

Le phénomène des flux de travailleurs frontaliers se concentre en majorité sur les corridors de transport des agglomérations transfrontalières. Sur les frontières françaises, cinq grandes agglomérations polarisent les mouvements des navetteurs : Genève, Luxembourg, Bâle, Sarrebruck et Monaco1. Ces travailleurs frontaliers sont dans leur immense majorité des automobilistes. La question de la saturation des infrastructures routières ainsi que celle du développement et de la gestion des transports en commun ne sont pas spécifiques aux agglomérations transfrontalières. Mais ces questions sont renforcées par le rôle de transit international des frontières ; de plus les cadres mis en place par les pouvoirs publics pour résoudre ces questions (par exemple les plans de déplacements urbains en France) ne sont pas inter opérables, ce qui pose le problème de leur coordination.
Certaines agglomérations ont mis ou prévoient de mettre en place des transports en commun transfrontaliers de proximité, à l’exemple de l’agglomération de Bâle (lignes de tramway transfrontalières existantes et en projet), du projet d’extension du tramway strasbourgeois à Kehl, du tram-train entre Sarreguemines (Moselle) et Heusweiler (Sarre) ou encore du projet franco-genevois « CEVA » (train express régional du Grand Genève).
Voir le thème"Transports".

La gestion intégrée des services à l’échelle de l’agglomération transfrontalière

Les coûts de la "non agglomération", c'est-à-dire de la gestion séparée de part et d’autre de la frontière des services du type assainissement, déchets, énergie, transports en commun, réseaux haut débit, santé, etc. peuvent être importants car cette gestion conduit à la duplication d’équipements et à des coûts d’investissement et de fonctionnement plus élevés. D’où l’enjeu de développer des partenariats entre les administrations urbaines frontalières afin d’aboutir à une gestion intégrée des services urbains transfrontaliers et d’optimiser les coûts de gestion.
La crèche transfrontalière de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau constitue un bon exemple d’infrastructure partagée et de service public mutualisé à l’échelle de l’agglomération de Strasbourg-Kehl.

Le développement économique et l’emploi

La thématique du développement économique apparaît comme récurrente dans les projets de territoire transfrontaliers et tout particulièrement dans les agglomérations. Mais la gestion intégrée du développement économique (voir les thèmes "Développement économique" et "Emploi") à l’échelle transfrontalière se heurte à des enjeux de différentes natures : réglementation de l’accès au travail pour les frontaliers, concurrence entre les territoires, incompatibilité des systèmes fiscaux et des normes techniques, non équivalence des diplômes... Cependant, des exemples réussis d’intégration (exemple de Copenhague/Malmö et la Région Öresund) montrent le bénéfice qu’un système urbain transfrontalier peut tirer de cette situation.

La gestion foncière et immobilière

Le logement est une thématique récurrente dans les préoccupations des agglomérations transfrontalières, en raison des différences de coûts du foncier et du logement de part et d’autres des frontières. Par exemple, des frontaliers traversent la frontière pour trouver un logement à moindre coût tout en continuant à travailler dans leur pays d’origine. Des enjeux importants concernent les interactions en termes de pression foncière et immobilière ou d’accès transfrontalier au logement, là encore rendant nécessaire la coordination transfrontalière des démarches menées de part et d’autre (programmes locaux de l’habitat, politiques foncières).
Au sein de l’agglomération du Grand Genève,  les PACA (Périmètres d’aménagement coordonnés d’agglomération) ont permis d'identifier les mesures phares à mettre en œuvre en matière d'urbanisation, de logement, de mobilité, d'environnement et de paysage à l’échelle de l’agglomération.

La culture

Les agglomérations transfrontalières favorisent très fortement les échanges interculturels. Grâce au développement d’échanges scolaires, à l’apprentissage de la langue de l’autre, à l’organisation d’événements culturels transfrontaliers ou à la création de partenariats entre différentes institutions culturelles, les habitants de ces agglomérations expérimentent la frontière, non plus comme une barrière ou une coupure, mais comme un lieu d’enrichissement par la diversité. Il s’agit aujourd’hui d’encourager la coopération culturelle, qui constitue le ciment du bon fonctionnement d’un espace de vie transfrontalier.
Les agglomérations de Chaves et Verín à la frontière luso-espagnole, ont mis en place une politique culturelle commune, notamment par la création d’une carte de citoyenneté européenne qui permet aux habitants des deux agglomérations d’accéder aux offres culturelles et récréatives de chaque côté de la frontière.
Voir le thème "Culture".


  1. Résider en France et travailler à l’étranger, Insee Première N° 1537 - février 2015