Emploi
Sommaire
Introduction
Des flux de travailleurs transfrontaliers importants mais asymétriques
Les migrations de travailleurs frontaliers constituent l’élément géographique le plus tangible et le plus spectaculaire de la réalité transfrontalière. On considère qu’un travailleur est frontalier quand il réside dans un pays, travaille dans un autre et rejoint son domicile au moins une fois par semaine. Dans l’Union européenne, environ 2 millions de travailleurs sont frontaliers, soit 1% de la population active, et dans certaines zones d’emploi, les frontaliers peuvent représenter plus de 50% des actifs occupés (nord lorrain, genevois français…). La France, où plus d’un tiers de la population hexagonale vit dans un département frontalier, est le pays européen le plus concerné par ce phénomène. Parmi les 15 régions de l'UE comptant le plus de travailleurs transfrontaliers, six sont françaises. En France, la région Grand Est prend la tête du classement avec près de 200 000 frontaliers, suivi par Auvergne-Rhône-Alpes avec plus de 125 000.
Le nombre de travailleurs transfrontaliers résidant en France s’élève à près de 500 000 personnes. La Suisse demeure la première destination avec environ 210 000 navetteurs, suivie du Luxembourg (115 000), de l’Allemagne (50 000), Monaco (45 000) et la Belgique (40 000). Les flux de travailleurs transfrontaliers vers l’Espagne et l’Italie sont en revanche beaucoup plus faibles, du fait d'emplois et rémunérations moins attrayants et d’un relief montagneux rendant l’accès plus difficile. Si la Suisse et le Luxembourg étaient vus comme des employeurs, ils seraient dans le top 20 (et même le top 10 pour la Suisse) des plus grands employeurs français.
Les flux des pays voisins vers la France sont quant à eux nettement inférieurs, avec environ 10 000 travailleurs frontaliers entrant en France en 2022, chiffre stable depuis 2011. En ce qui concerne des frontières spécifiques, il est estimé que le flux entrant correspond à environ 8 500 frontaliers entre la Belgique et la France en 2022 et 1 300 en provenance d’Allemagne en 2019 (pas d’autres chiffres récents sur les autres frontières). Le chiffre des travailleurs frontaliers entrants sur le territoire français est resté stable entre 1999 et 2011, alors que celui des sortants a augmenté de 42% sur cette période. Ce déséquilibre peut résulter de plusieurs facteurs : faible attractivité des zones frontalières françaises par rapport aux pays voisins, mais également la présence de pôles d’emploi importants proches de la frontière, situation du foncier ou des salaires plus élevés de l’autre côté, notamment.
Photo : Frontaliers Grand Est