Frontière France-Belgique

Frontière France-Belgique

Une frontière-creuset

La frontière franco-belge, dont le tracé remonte au début du XVIIIe siècle, constitue une véritable "frontière-creuset"1. Son tracé ne correspondant à aucun obstacle physique (relief ou fleuve), elle a toujours été un lieu de passage et de contact. Cette spécificité géographique explique la densité des territoires qui la bordent2, ainsi que le nombre et la proximité des agglomérations dans cet espace.

Les territoires de part et d’autre de la frontière sont ainsi marqués par une forte densité et un réseau de villes proches les unes des autres. La continuité urbaine est parfois telle que la frontière se trouve gommée, les rues se prolongeant d’un pays à l’autre. C’est le cas pour l’agglomération de Dunkerque, sur le littoral de la Mer du Nord ainsi que pour les agglomérations de Lille et de Longwy.

Deux espaces urbains transfrontaliers se distinguent plus particulièrement par leur densité : l’agglomération "Dunkerque-Flandre occidentale-Côte d’Opale" et "l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai", qui constituent les centres de la coopération, du développement économique des territoires et de la mobilité transfrontalière.

Cette continuité urbaine est cependant à nuancer du fait de la grande hétérogénéité géographique des espaces frontaliers franco-belges. Ainsi, les territoires ruraux conservent une forte spécificité et une certaine autonomie. Située entre Bruxelles et Paris, la Thiérache, composée d’une portion des Régions françaises Hauts-de-France et Grand Est ainsi que des Provinces belges du Hainaut et de Namur, constitue un espace rural autonome (77% de la population de la Thiérache habite dans des communes rurales) structuré par un réseau de petites villes indépendantes les unes des autres. L’unité géographique de cet espace permet la mise en place d’actions et de projets communs transfrontaliers. La Thiérache constitue en effet l’un des chefs de file de la coopération transfrontalière dans la région, notamment en matière de santé.

L’imbrication extrême des territoires a favorisé l’émergence d’une culture linguistique commune (entre Wallons et français). Cependant, les trois communautés qui les composent - française, flamande et wallonne - ont conservé chacune leur identité, leur mode de fonctionnement et leur développement économique.

  1. Caractérisée par une absence d'obstacles naturels, une frontière-creuset doit son tracé à l'histoire davantage qu'à la géographie. Elle s’oppose en cela à une frontière-glacis. Véritable lieux d’échanges et de contact, elle connaît souvent une urbanisation importante et permet l’émergence de référentiels culturels communs (la langue par exemple) des deux côtés de la frontière.

  2. La Région Hauts-de-France et la Belgique ont une densité de population de l'ordre de 340 habitants au km², pour une moyenne française de 117 habitants.