Recherche et innovation

Quelle articulation avec la politique de cohésion ?

Dans le cadre de la politique de cohésion pour la période 2021-2027, la mise en place d’une "économie intelligente et innovante" passe notamment par la définition d’une stratégie de spécialisation intelligente (S3), dont les projets sélectionnés par la Commission européenne font l’objet d’un financement par le biais du FEDER.  

Sept conditions entrent en considération dans la mise en œuvre des S3 :

  • Présenter une analyse actualisée des goulets d'étranglement pour la diffusion de l'innovation, y compris la numérisation.
  • Disposer d’une institution ou d'un organisme régional/national compétent, responsable de la gestion de la stratégie de spécialisation intelligente.
  • Avoir des outils de suivi et d'évaluation permettant de mesurer les performances par rapport aux objectifs de la stratégie.
  • Avoir un fonctionnement efficace du processus de découverte entrepreneuriale (EDP)
  • Mener les actions nécessaires pour améliorer les systèmes de recherche et d'innovation nationaux ou régionaux
  • Avoir des actions visant à gérer la transition industrielle
  • Développer des mesures pour la collaboration internationale

La spécialisation intelligente peut être assortie d’une composante transfrontalière, lorsque des potentialités semblables sont identifiées de part et d’autre de la frontière, voire lorsqu’une véritable stratégie de recherche et d’innovation se concrétise dans un domaine précis par des partenariats ou des clusters transfrontaliers. Ces projets de recherche et d’innovation peuvent également être financés au travers des programmes INTERREG, qu’ils intègrent une stratégie de spécialisation intelligente ou non.

Les S3 ont pu être expérimentées par les régions françaises, sur invitation de la Commission et en suivant une méthodologie commune proposée par le niveau national. Elles se sont révélées fructueuses pour les territoires (identification des perspectives de développement, des pistes d’approfondissement et de travail permettant d’accroître l’efficacité des systèmes d’innovation), mais ont rarement souligné des potentialités transfrontalières.

Au-delà des projets de clusters transfrontaliers bien identifiés, la recherche et l’innovation peuvent aussi recouvrir des dimensions plus classiques d’encouragement à la recherche et concerner l’ensemble des formes de l’innovation (produit, processus, procédé, organisation, innovation sociale). La spécialisation intelligente est par essence liée à la dimension territoriale de l’innovation. Ainsi, les domaines stratégiques pouvant donner lieu à des actions innovantes recouvrent aussi bien les technologies de pointe des clusters précités, que des projets concernant l’agriculture, la filière bois, l’artisanat ou encore les services de proximité. La politique de cohésion s’attache dans tous les cas à mettre en valeur les projets qui permettent de créer des liens entre pouvoirs publics, chercheurs, entreprises et citoyens.

Dans ce cadre, le concept de "living labs" ou laboratoire vivant constitue une forme novatrice d’innovation : testée dans le cadre du programme franco-italien ALCOTRA, cette méthode place les utilisateurs au cœur du processus de conception et de décision, en testant et optimisant les solutions sur le terrain et non plus dans un laboratoire, d’où son nom. Elle permet ainsi la mise en réseau de l’ensemble des acteurs socio-économiques concernés par l’innovation, dans un contexte transfrontalier : actions pilotes menées dans le cadre de marchés publics transfrontaliers (Vallée d’Aoste) ou de la mobilité intelligente (Piémont et Ligurie).

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