Frontière Hongrie-Slovaquie

Dates de création de la frontière : Juin 1920
Longueur de la frontière : 677 km
Régions concernées : en Hongrie : Győr-Moson-Sopron, Komárom-Esztergom, Nógrád, Borsod-Abaúj-Zemplén, Szabolcs-Szatmár-Bereg, Pest et Budapest - en Slovaquie : Bratislava, Trnava, Nitrava, Banska Bystrica, Kosice.

Programme(s) européen(s) :

Longue de 677 km, la frontière entre la Hongrie et la Slovaquie débute à l’Ouest au tripoint formé par les frontières hongroise, slovaque et autrichienne. Le Danube fait office de frontière sur près de 150 km. Le tracé frontalier s’oriente ensuite vers l’Est, longe la rivière Tisza et se termine au croisement entres les frontières de la Hongrie, de la Slovaquie et de l’Ukraine.

Historique

Slovaques et Hongrois ont vécu pendant pratiquement un millénaire au sein du même état (du 10ème au 20ème siècle), mais la cohabitation est compromise à la fin du 19ème siècle. Le Royaume de Hongrie (affranchi de la tutelle autrichienne par le compromis austro-hongrois de 1867) mène une politique d’assimilation, qui touche principalement sa population de langue slovaque. Même si la loi hongroise sur les nationalités (1868) assure l’utilisation des langues minoritaires au niveau local (chaque municipalité choisit sa langue de travail, l’enseignement doit être assuré dans la langue de la population de la commune, etc.) l’Etat favorise la langue hongroise au détriment des autres langues parlées dans le pays : il transforme des écoles de langue minoritaire en écoles bilingues et va jusqu’à fermer trois lycées de langue slovaque en 1874, ce qui renforce le mouvement national slovaque. De façon générale, la classe politique refuse l’idée de l’autonomie territoriale, demandée par des organisations politiques slovaques (10% de la population du pays) et roumaines (14%) – seule exception : l’autonomie élargie accordée à la Croatie par le compromis hungaro-croate de 1868.

Après la première guerre mondiale, la Tchéquie (Bohême-Moravie "autrichienne") et la Slovaquie "hongroise" se réunissent dans le cadre d’un nouvel Etat. Facteur positif : ce changement permet aux peuples tchèque et slovaque de disposer d’eux-mêmes et de se constituer en nation. Facteur négatif : ce même droit n’est pas assuré aux Germanophones et aux Hongrois. En effet, au lieu de suivre la frontière linguistique, le tracé de la frontière hungaro-tchécoslovaque (traité de Trianon, 1920) est basé sur des considérations géopolitiques (Danube) et économiques (lignes de chemins de fer). La partie slovaque de la nouvelle république englobe donc pas seulement 1,7 à 2 millions de Slovaques, mais également 750.000 à 1 million  de Magyars et 3 à 400.000 Ruthènes1.
La différence entre les données des recensements hongrois (1910) et tchécoslovaque (1921) montre la présence d’une population bilingue (hungaro-slovaque) et biculturelle importante.
Alliée de l’Allemagne, la Hongrie voit la frontière modifiée en sa faveur en 1938 et en 39, en même temps que la Slovaquie devient indépendante et rejoint également l’Axe.

A partir de 1945, après le rétablissement de la frontière de 1920, la Tchécoslovaquie impose des changements démographiques importants : bien que les alliés n’acceptent pas l’expulsion pure et simple de la population magyare, des échanges de population forcés ont lieu (81.000 personnes), et 41.000 magyars sont déplacés de force vers la région des Sudètes en Tchéquie (région vidée de sa population de 3 millions de germanophones en 1945-47). Les membres de la communauté magyare sont collectivement déchus de la citoyenneté tchécoslovaque et une politique de "ré-slovaquisation" est menée. De l’autre côté, la participation de la Hongrie communiste à l’écrasement du printemps de Prague (1968) envenime également les relations bilatérales.
Les années ‘70 et ’80 sont marquées par l’émergence de coopérations hungaro-tchécoslovaques importantes  (coproductions cinématographiques, diffusion de beaucoup de produits culturels : films, livres, dessins animés, etc.), d’un tourisme de masse dans les deux sens et finalement de la naissance d’un sentiment de "destin commun". 
Après les transitions démocratiques de 1990, les minorités nationales récupèrent des droits importants. Cependant, malgré les initiatives d’intellectuels des deux côtés et malgré l’histoire commune, Hongrois et Slovaques se connaissent peu.

Aujourd’hui près de 10% de la population de Slovaquie se déclare encore magyare et beaucoup de revendications sont liées à l’importance de cette minorité. Presque un siècle et demi après le refus hongrois, c’est aujourd’hui la Slovaquie qui ne veut pas entendre parler d’autonomie territoriale pour ses minorités.

Coopération transfrontalière

Afin de développer les projets et l’intégration transfrontalière, la Slovaquie et la Hongrie sont réunies au sein du programme Interreg. Ce programme vise à augmenter l’intégration économique et sociale de la région en œuvrant aussi bien pour les entreprises que pour la population.
Ainsi, le programme met l’accent sur la recherche afin de développer la compétitivité des entreprises et l’attractivité de la région. Afin de permettre la croissance de ces secteurs, il est nécessaire d’assurer l’accessibilité de la région transfrontalière et donc de construire diverses infrastructures de transports. Ces améliorations fonctionnelles ne doivent cependant pas se faire au détriment de l’environnement, et le programme encourage fortement les deux pays à mettre en place des interventions conjointes qui visent à protéger la nature.
Aujourd’hui, les deux Etats sont membres de l’espace Schengen et participent au groupe de Visegrád avec la République Tchèque et la Pologne. Il existe également d’autres structures de coopération telles les GECT Pons Danubii, Ister-Granum ou l’Eurorégion Sajo-Rima. De la même manière les agglomérations transfrontalières d’Esztergom-Sturovo et de Komárom-Komarno est aujourd’hui un exemple en matière de coopération.

1. Différence entre les recensements tchécoslovaque (1921) et hongrois (1910). "Magyar" ou "Hongrois". En français, le qualificatif "magyar" désigne la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l'État hongrois) ou, dans un son sens socioculturel. Il désigne les populations de langue hongroise où qu’elles vivent : en Hongrie ou dans les pays frontaliers ("Magyars d'outre-frontières").

Photo : Vue d'Esztergom (Hongrie) et du pont Maria Valeria depuis Sturovo (Slovaquie).


Projets de territoire et organes institutionnels de la coopération

Coopération transfrontalière au niveau régional

Ister-Granum
Pons Danubii
Région Centrope (Vienne-Bratislava-Brno-Győr)
Eurorégion des Carpates
Communauté de travail Alpe-Adria
Groupe de Visegrad

Coopération transfrontalière au niveau local

Esztergom-Štúrovo
Komárno-Komárom