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Pour Pierre Cuny, il y a "une vraie prise de conscience du phénomène frontalier depuis cinq ans"

Février 2024

Pour Pierre Cuny, il y a "une vraie prise de conscience du phénomène frontalier depuis cinq ans"

Mobilité, services publics, santé, logement… comment répondre au phénomène transfrontalier entre la France et le Luxembourg ? Le maire de Thionville, président du Pôle métropolitain frontalier (PMF), nous explique quelles sont les solidarités à mettre en place sur son territoire, où se concentrent 70% des 120 000 travailleurs frontaliers français au Luxembourg.

Vous êtes désormais le seul acteur local invité à la Commission intergouvernementale (CIG) franco-luxembourgeoise. Quel rôle y jouez-vous ?


70% des 120 000 travailleurs frontaliers français au Luxembourg résident sur le territoire du Pôle métropolitain frontalier (PMF). C’est donc là que l’impact du phénomène transfrontalier est ressenti le plus fortement, avec des effets sur la mobilité, les services publics, la santé, le logement, etc., et qui touchent toute la population, qu’elle soit frontalière ou non. Le PMF est en mesure de récolter, d’agréger et de structurer les problématiques liées au phénomène transfrontalier et de proposer des solutions adaptées. Le Pôle représente ainsi l’échelon du transfrontalier local dans la CIG. Il porte la voix des territoires dans la relation interétatique franco-luxembourgeoise et veille à mettre à l’agenda de la Conférence les sujets jugés prioritaires sur le terrain, en 1ère et 2ème ligne de la frontière.

Avez-vous le sentiment que les mentalités évoluent, en France comme au Luxembourg, en matière de solidarité transfrontalière ? Quelle est la situation des frontaliers aujourd'hui sur votre frontière ?


L’intensité de la croissance du travail frontalier va au-delà des prévisions les plus élevées et les frontaliers, comme toute la population, en ressentent les effets au quotidien. Le problème le plus impérieux concerne la mobilité avec des temps de trajet domicile-travail qui ne cessent d’augmenter et l’entièreté du réseau qui est engorgé. Au cours des cinq dernières années, il y a eu une vraie prise de conscience : le Luxembourg ne peut avoir un développement heureux si son voisin français connait un développement subi. Les discussions entre États portent aujourd’hui sur le codéveloppement et la manière dont la solidarité pourrait être mise en œuvre de manière concrète. Des propositions novatrices vont être soumises à la discussion. C’est une évolution positive. Il nous faut maintenant définir les modalités adaptées à notre territoire et à sa situation particulière.

Vous êtes engagé dans deux projets pilotes : l’un sur la gouvernance avec la Commission européenne et l’OCDE, l’autre sur les bassins de vie avec la MOT. Qu’en attendez-vous ?


La structuration de la coopération transfrontalière à la frontière franco-luxembourgeoise est assez récente, par comparaison avec d’autres frontières. Mais l’intensité du phénomène transfrontalier demande que les territoires trouvent une forme d’articulation pour y faire face au mieux. Les deux projets pilotes dans lesquels le PMF est engagé doivent nous donner des pistes pour définir une stratégie pour un développement harmonieux de la métropole luxembourgeoise qui déborde les frontières du Grand-Duché. Nous en attendons aussi des propositions en matière de gouvernance et un état des lieux des liens et de leur intensité qui font de notre espace un bassin de vie transfrontalier.

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