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L’environnement sans frontières
Introduction
La protection de l’environnement, la gestion rationnelle des ressources et des déchets sont des priorités des politiques européennes et nationales. Au niveau européen, la première stratégie de développement durable date de 2001 (Stratégie de Göteborg venant compléter la Stratégie de Lisbonne). Pour la période 2021-2030, l’UE se base sur la huitième version du «programme d’action pour l’environnement», qui comporte trois objectifs : la préservation du « capital naturel » ; la transformation de l’UE en une économie sobre en carbone et mesurée dans son utilisation des ressources ; la protection de la santé humaine et du bien-être de l’Homme.
L’autre grand objectif défini par la Commission européenne est l’application du Pacte Vert (Green Deal). La Commission européenne a mis en place le Pacte Vert pour l’Europe afin de transformer l’Union en une économie moderne respectueuse de l’environnement. Cette feuille de route politique affiche les objectifs suivants : cliquez ici pour les découvrir.
L’environnement fait l’objet d’une règlementation européenne de plus en plus prégnante. Le septième programme d’action pour l’environnement (PAE), entré en vigeur en janvier 2014, comprend plusieurs thématiques qui constituent des enjeux pour le développement durable transfrontalier, comme : la protection des espaces naturels, terrestres et maritimes, la coopération économique modérée en carbone, le partage des connaissances et investissement dans la recherche et l’innovation, l’intégration des préoccupations environnementales dans les politiques sectorielles (agriculture, pêche, énergie et transports).
Valeur ajoutée des actions transfrontalières en matière d’environnement
Au-delà d’un traitement national et local, les actions transfrontalières dans ce domaine ont une vraie valeur ajoutée car l’environnement ne connaît pas de frontière. Les territoires transfrontaliers sont, ou devraient devenir, des espaces de responsabilité et de gestion commune des milieux et de mutualisation de moyens.
Pour la période 2021-2027, les programmes INTERREG soutiennent des actions dans le domaine environnemental en s’intéressant notamment à la question de la transition vers une économie circulaire, s’inscrivant pleinement dans l’objectif 2 de la politique de cohésion -« A greener and low-carbon Europe » mais également en traitant de la gestion durable de l’eau, la préservation de la biodiversité, du renforcement des infrastructures vertes, de la réduction de la pollution. Ils répondent ainsi aux objectifs 3 (Mobiliser l’industrie pour une économie propre et circulaire), 5 (Une ambition « zéro pollution » pour un environnement sans substances toxiques) et 6 (Préserver et rétablir les écosystèmes et la biodiversité), du Pacte Vert, mis en place par la Commission européenne.
Alors même que l’environnement est, sur certaines frontières, facteur de plus grande difficulté de communication (dans le cas des massifs frontaliers), ou objet de conflits transfrontaliers (cours d’eau par exemple), il peut au contraire, dans une démarche de coopération transfrontalière, favoriser une prise de conscience commune et devenir un facteur de convergence des politiques, de paix et de stabilité. Ainsi, la responsabilité des territoires, en particulier transfrontaliers, va au-delà des aspects thématiques, et comprend une dimension transversale, celle du développement territorial durable.
Au-delà des projets de coopération sectoriels, la préservation et la valorisation de l’environnement nécessite une approche globale à l’échelle des territoires (maîtrise de la mobilité par des politiques coordonnées d’urbanisme et de transports ; conciliation du développement économique et de la préservation des ressources : tourisme durable, etc.).
Il conviendra d’établir des synergies entre les actions en faveur de l’environnement et celles développées dans le domaine de l’adaptation au changement climatique et de la gestion des risques, de l’innovation, de l’énergie, du développement économique, des transports, autres objectifs pour 2021-2027.
Toutefois, même si la coopération transfrontalière environnementale est un jeu « gagnant-gagnant », la dimension transfrontalière est, au moins au départ, facteur de complexité et de coûts supplémentaires :
- manque ou hétérogénéité des données statistiques, absence d’études transfrontalières ;
- méconnaissance des acteurs, des législations et des modes de gestion de part et d’autre ;
- disparité des compétences ;
- absence de référentiels, de mécanismes de concertation et d’outils de gestion collective ;
- manque de participation de la population ;
- intérêt très variable des élus.
De plus, les acteurs locaux de l’environnement (collectivités, associations, etc.) sont souvent limités en termes de capacité juridique, humaine ou financière. Il importe donc que les acteurs de niveau supérieur puissent les aider en termes de financement, d’ingénierie technique et juridique : les régions (et les services déconcentrés des Etats), qui ont un rôle à jouer tant dans la structuration de la coopération transfrontalière, que dans l’engagement aux côtés des acteurs locaux dans certains projets ; les programmes de coopération territoriale (Interreg) qui financent des projets dans le domaine de l’environnement ; les Etats et les institutions européennes, s’agissant des aspects réglementaires et législatifs.
La coopération transfrontalière dans le domaine de l’environnement et de la gestion des ressources nécessite la pleine association des citoyens, qui doivent être sensibilisés, informés, voire formés, et associés à la gestion de l’espace commun, de ses coûts et de ses bénéfices, directement et au travers de l’action conjointe de leurs élus. Là encore il existe une spécificité transfrontalière, puisqu’il s’agit d’appareiller des dispositifs nationaux de part et d’autre de la frontière, de créer et développer un dialogue transfrontalier entre élus, citoyens, société civile et d’acclimater une citoyenneté environnementale transfrontalière, composante d’une citoyenneté transfrontalière et européenne.
Types d'actions possibles
Préservation des espaces naturels :
- La gestion de zones naturelles transfrontalières (parcs naturels transfrontaliers ou collaboration de parcs frontaliers) : les stratégies ou les plans d’actions (coordination ou élaboration de documents communs), la communication à destination du public, les actions conjointes de protection naturelle, etc. Exemple du projet Dunes de Flandres (AJOUTER FICHE PROJET !)
- Les infrastructures vertes transfrontalières (corridors écologiques qui seraient notamment intégrés dans le cadre d’un réseau transeuropéen de la nature (Stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030) , trames vertes et bleues), y compris dans les sites Natura 2000 et d’autres territoires transfrontaliers en vue de favoriser la protection et le rétablissement de la biodiversité et des services éco-systémiques.
- Les actions visant à réduire les pollutions (air, nappes phréatiques, cours d’eau, littoral, espaces naturels, bassins maritimes, etc.) et notamment la pollution atmosphérique liée aux transports.
- La préservation et la valorisation du patrimoine culturel transfrontalier (dans des contextes ruraux et urbains).
Gestion des ressources et des déchets
- La gestion transfrontalière des déchets, en particulier dans le recyclage, la valorisation énergétique (réseaux de chaleur, « smart grids », etc.) et, dans le cas des matériaux non recyclables, la réutilisation et la récupération.
- La gestion commune des cours d’eau transfrontaliers, des zones côtières (planification de l’espace maritime européen) ou marines (contrats de rivière, assainissement, épuration, etc.).
- L’amélioration de l’efficacité de l’approvisionnement en eau, du traitement des eaux résiduaires et de la réutilisation de l’eau, y compris l’établissement de plans de gestion de district hydrographique.
- Les actions de caractère transfrontalier visant à la rénovation thermique des bâtiments, la lutte contre la précarité énergétique, la promotion des éco-matériaux et la création d’un marché transfrontalier local.
Les actions visant à promouvoir une alimentation durable c’est-à-dire une alimentation ayant un impact limité sur l’environnement et contribuant au développement économique local. Il s’agit de garantir à tous un accès de proximité et durable à une alimentation de qualité. L’échelle transfrontalière d’action peut être source d’opportunités agricoles et alimentaires renforcées de ce point de vue, en favorisant autant la diversité de l’offre que la mutualisation des débouchés.
Gouvernance et observation
- La structuration du partage des connaissances : observation et monitoring (exemple : biomonitoring sur les retombées des dioxines), à mener localement, avec l’appui des niveaux supérieurs, y compris européen (exemple : projet pilote de SIG sur la rivière Tisza ; SMEAG).
- La structuration de la concertation, planification conjointe, mise en cohérence des projets (exemple : schéma de gestion des eaux (SAGE) transfrontalier).
- Les structures transfrontalières de gestion (exemple : GLCT Grand Genève).
- La diversification des économies locales transfrontalières.
Référents thème Transition écologique à la MOT
Exemples de projets concrets : RETIRER CETTE PARTIE
Les exemples de coopération transfrontalière en matière environnementale sont nombreux :
- Stratégies dans le domaine de l’environnement :
– Espace Mont Blanc
– Parc national du Mercantour – Parc naturel Alpi Marittime
– Parc naturel transfrontalier du Hainaut
– Parc marin international des Bouches de Bonifacio
- Cours d’eau : plus d’infos dans le thème « Fleuves et rivières ».
- Assainissement :
– Pays de Gex et canton de Genève : GLCT « Galerie de Chouilly »
– Lille : station d’épuration Comines-Pureté
- Gestion des déchets urbains agricoles, industriels :
– Coopération entre le Zweckverband Abfallbehandlung Kahlenberg et la Communauté urbaine de Strasbourg
– Traitement transfrontalier des déchets dans l’Eurocité basque
– La station d’épuration transfrontalière de Wissembourg
- Qualité de l’air :
-Projet ATMO VISION pour reconquérir la qualité atmosphérique à l’échelle du Rhin supérieur (JOINDRE FICHE PROJET!)
-Projet Transf’air pour la mise en place d’outils transfrontaliers permettant une gestion harmonisée de la qualité de l’air (JOINDRE FICHE PROJET!)
– Projet b-solutions pour une meilleure reconnaissance des vignettes anti-pollution entre la France et l’Allemagne (JOINDRE FICHE PROJET!)
- Lutte contre la pollution :
– RAMOGE – lutte contre les pollutions marines
– TRAME NOIRE du Grand Genève afin de lutter contre la pollution lumineuse dans les grandes villes.
- Biodiversité :
– « Pyrénées vivantes »
– Grand Genève : plusieurs projets Interreg sur la gestion des milieux, de la faune et de la flore, des corridors écologiques
– Biodivalp
- Projets alimentaires transfrontaliers :
-Projet ECOCEREAL + pour renforcer le positionnement concurrentiel et la structure organisationnelle du secteur céréalier biologique dans l’espace transfrontalier Espagne-France-Andorre
-Projet Inspyr’ qui cherche à mettre en valeur des produits du terroir pyrénéen par le développement de nouvelles approches de commercialisation et du tourisme gastronomique
-Projet AROMA qui alimente en denrées alimentaires de proximité et de qualité la restauration hors domicile au sein de la Grande Région.
-Projets alimentaires franco-suisse du programme INTERREG 2014-2020 :ALP@VENI ; Projets Production Laitière Efficiente & Territoires et Innovations
Recommandations
Au niveau local
- Vers une gestion en commun de l’environnement transfrontalier dans les différents secteurs concernés :
– Sur la base d’une image partagée (entre élus et avec la population) du développement du territoire, construire une maîtrise d’ouvrage transfrontalière de gestion commune des projets, portée par les collectivités locales et les acteurs locaux, dotée d’un support juridique (convention, structure comme le GECT, etc.).
– Trouver des mécanismes de financement des investissements transfrontaliers, et les appuyer par des co-financements régionaux, nationaux et européens (programmes Interreg, programmes régionaux FEDER, FEADER ou FEAMP), intervenant le cas échéant conjointement (Investissements territoriaux intégrés, développement local, etc.).
- L’environnement, composante d’un développement durable des territoires transfrontaliers :
Développer une gouvernance environnementale des différents types de territoires transfrontaliers (urbains, ruraux, bassins, massifs…) en mettant en place :
– une observation partagée (SIG, etc.),
– les échanges d’information entre acteurs pertinents (collectivités, services de l’Etat, centres de recherche, etc.), notamment relative aux cadres réglementaires et techniques,
– la coordination et la planification au niveau local transfrontalier (Agenda 21 transfrontaliers), l’implication des élus, la sensibilisation et la participation des citoyens et des entreprises.
Au niveau régional et national
- Vers une gouvernance multi-niveaux de l’environnement en transfrontalier :
– Appuyer, notamment au niveau régional, les collectivités locales dans l’exercice de leurs compétences en matière d’environnement transfrontalier.
– Organiser la coordination par frontière aux niveaux supérieurs (régional, national) dans le cadre d’accords bi/multilatéraux, en associant les collectivités locales.
– Coordonner, adapter et harmoniser les législations et les réglementations juridiques et techniques environnementales nationales et régionales en fonction des besoins des territoires transfrontaliers.
Au niveau européen
- Pour un soutien européen à l’environnement transfrontalier, facteur d’intégration européenne :
– Adapter le cadre européen (législations et initiatives communautaires relatives à l’environnement) à la spécificité du transfrontalier (par exemple modifier la directive sur l’eau en prévoyant des plans de sous bassins transfrontaliers).
– Développer les méthodologies et harmoniser les données (Inspire, etc.).
– Poursuivre le soutien à la coopération transfrontalière (politique de cohésion).
– Faciliter la capitalisation et le transfert d’expériences entre territoires transfrontaliers en matière d’environnement.
Cadre juridique
Les règlements et lois doivent prendre en compte les particularités du transfrontalier (par exemple créer ou améliorer les outils juridiques permettant de porter les projets : conventions, institutions communes utilisant des supports juridiques nationaux, résultant de Traités bi- ou multi latéraux (GLCT, GEC, etc.), outils européens (GECT).
Même si le développement d’une norme européenne, tout particulièrement en matière d’environnement, est en théorie un facteur facilitant la coopération transfrontalière, l’application des lois et règlements demeure différente de part et d’autre de la frontière, rendant indispensable une coordination entre Etats, voire une harmonisation des législations ; d’où l’importance de créer des dispositifs de coordination par frontières impliquant les Etats et les régions, tout en associant les acteurs locaux.
La législation en matière d’impact environnemental est assez développée, mais sa mise en œuvre reste souvent formelle et le passage à une réelle implication des citoyens demeure un enjeu. A cet égard, le dispositif de consultation transfrontalière mis en place par la Conférence du Rhin supérieur (France-Allemagne-Suisse) constitue une avancée intéressante (document). La consultation croisée (en application de la convention d’Espoo) sur les documents d’aménagement du territoire (schéma de cohérence territoriale par exemple) et l’établissement d’une charte d’agglomération ouvrent également des champs de dialogue et de coopération prometteurs en région franco-valdo-genevoise (France-Suisse).