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Enjeux et contexte communautaire

Dans les espaces frontaliers, où les échanges sont quotidiens et les interdépendances fortes, la promotion de l’éducation et de la formation transfrontalières revêt une importance stratégique. Elle facilite la circulation des savoirs, des personnes et des idées, tout en contribuant à l’intégration sociale, économique et culturelle des territoires. L’apprentissage des langues voisines, les projets éducatifs conjoints et les parcours de formation transnationaux y jouent un rôle déterminant pour ancrer concrètement le projet européen dans les territoires.

L’Union européenne place l’éducation et la formation tout au long de la vie au cœur de ses priorités, en tant que moteurs de l’emploi, de l’innovation et de la mobilité des citoyens. Le « Cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l’éducation et de la formation » (2021-2030) vise à « faire de l’apprentissage tout au long de la vie et de la mobilité une réalité pour tous ».

Pour atteindre ces objectifs, les institutions européennes soutiennent les réformes nationales, encouragent la modernisation de l’enseignement supérieur et développent des outils communs tels qu’Europass, qui favorisent la reconnaissance des qualifications, la transparence des compétences et la mobilité entre États membres.

Le programme Erasmus+, emblème de cette politique, constitue l’un des plus grands succès de l’intégration européenne. Il a permis à des millions de jeunes, d’enseignants et de formateurs d’effectuer des séjours d’étude, de formation ou de stage dans d’autres pays. Au-delà de l’acquisition de compétences linguistiques et professionnelles, ces mobilités nourrissent un sentiment d’appartenance à une communauté européenne et renforcent la compréhension interculturelle, deux piliers de la citoyenneté européenne.

Les besoins en matière de coopération dans le domaine éducatif

Parallèlement aux efforts européens pour favoriser les équivalences entre les certifications des différents Etats membres et valoriser les initiatives d’interculturalité et de mobilité européenne, les territoires transfrontaliers développent des logiques particulières, étroitement liées à la réalité de leur marché du travail et de l’emploi ainsi qu’au besoin d’ouverture à l’autre des populations voisines.

Le soutien des autorités nationales d’éducation est nécessaire pour faciliter la définition de parcours de formation conjoints entre les pays frontaliers. Ces démarches, faisant écho aux démarches locales et régionales, permettent de surmonter les obstacles administratifs et juridiques relatifs aux passages des frontières.

Le manque de référentiels communs sur les métiers et les formations ainsi que la difficulté à obtenir une validation des expériences acquises en entreprise n’encouragent ni à la mobilité ni à la formation transfrontalière.

Parmi les candidats aux bi-diplômes, nombreux sont ceux qui reculent face à la complexité des démarches administratives. Malgré cela, la dimension européenne peut être un atout pour l’éducation et la formation dans les territoires transfrontaliers.

S’il est vrai que l’idée de « la formation et la connaissance sans frontière » sous-entend l’accès au mode de vie et à la culture de l’Etat voisin, les difficultés d’intégration culturelle sont liées principalement à la connaissance limitée de la langue du voisin. Pas assez enseignée au sein des établissements éducatifs, elle ne suscite pas forcément la curiosité des jeunes frontaliers sur la culture de l’autre et l’immersion peut parfois dissuader, en raison de ce frein à la communication.

Dans d’autres cas, les territoires transfrontaliers partagent une même langue, facteur unifiant. Les initiatives dans ce sens développent une cohésion territoriale et culturelle transfrontalière.

Coopération et apprentissage des langues de la maternelle au supérieur

Au niveau de l’école primaire :

Dès l’école maternelle, il est possible pour les élèves d’une école frontalière d’apprendre la langue commune à la communauté transfrontalière selon différents systèmes d’apprentissage. C’est le cas des langues dites régionales’ en France : basque, occitan, catalan…

  • La Kita Salut première structure d’accueil de la petite enfance transfrontalière, bilingue et biculturelle du territoire SaarMoselle. Plus d’infos
  • Le réseau des écoles maternelles bilingues « Élysée 2020 » Plus d’infos

Au niveau élémentaire, il existe de la même manière des cours de la langue de l’Etat voisin, voire des écoles bilingues. De manière générale, la proximité offre l’occasion d’organiser des rencontres culturelles et des échanges scolaires afin de découvrir au fur et à mesure la culture de l’autre. Un exemple : l’école Transfrontalière du Perthus est située sur la frontière franco-espagnole. Plus d’infos

Au niveau du secondaire :

  • Au niveau du secondaire, outre le bilinguisme, des cours de langue de niveaux supérieurs peuvent être mis en place. Afin de valoriser la langue voisine, cette dernière peut être présentée à l’examen final au même titre que les autres matières dans le cadre de certains programmes. De plus, il existe des lycées transfrontaliers ou du moins binationaux, comme par exemple le lycée germano-luxembourgeois Schengen-Perl. Notons que désormais, dans les sections binationales de certains lycées, les élèves suivent un parcours de formation spécifique élaboré avec un pays partenaire. Ces pays sont l’Allemagne (Abi Bac), l’Espagne (Bachibac) et l’Italie (Esa Bac). Ce parcours de formation permet l’obtention simultanée du baccalauréat général et du diplôme correspondant du pays concerné.
    Au sein des territoires frontaliers fortement imbriqués historiquement et culturellement la coopération transfrontalière en matière d’apprentissage de la langue du voisin se doit d’être ambitieuse et transversale.
  • Le Land de Sarre en Allemagne s’est par exemple donné pour ambition de faire du français une langue véhiculaire (langue officielle et d’éducation) d’ici une génération, via sa « stratégie France » développée en 2014. En 2015 la Région Lorraine à répondu au Land allemand en développant à son tour une  « stratégie Allemagne » avec un renforcement du parcours linguistique du collège au lycée.
  • Le Programme Schuman permet depuis 2003 aux élèves de la Grande Région d’effectuer un échange individuel réciproque de deux ou quatre semaines avec un élève partenaire d’une région voisine, leur permettant ainsi d’approfondir leurs connaissances linguistiques et interculturelles. L’élève Schuman est hébergé dans la famille du correspondant et est scolarisé dans l’établissement du partenaire.

Au niveau du Supérieur :

Plus d’infos dans notre dossier « Coopération universitaire ».

Formation professionnelle, stages et apprentissage

La formation professionnelle en contexte transfrontalier reste largement encadrée par les politiques nationales, alors même qu’elle est fortement liée aux dynamiques locales d’emploi et de vie (voir le thème Emploi). Cette organisation principalement nationale freine le développement de projets communs de transmission des savoirs et savoir-faire.

Chaque adulte engagé dans une formation professionnelle continue — qu’il soit salarié ou demandeur d’emploi — demeure soumis à son système national en matière de statut, de financement, d’indemnisation et de reconnaissance des diplômes et compétences. De même, les différences de statut des apprentis entre pays limitent la fluidité des parcours, notamment en ce qui concerne les conditions d’admission, de rémunération et de couverture sociale. Cela freine la constitution d’un véritable marché transfrontalier de l’emploi, malgré l’intérêt exprimé par de nombreux employeurs.

Pour surmonter ces obstacles, les dispositifs européens d’harmonisation doivent être complétés par des accords bilatéraux conclus entre les organismes de formation, les autorités nationales et les partenaires socio-économiques locaux. Ces coopérations permettent d’avancer vers un rapprochement des parcours de formation et la modularisation de l’offre transfrontalière, en lien étroit avec les besoins du tissu économique local.

En matière de formation en alternance, d’apprentissage et de stages, plusieurs dispositifs expérimentaux ont vu le jour. Ils permettent de combiner une formation théorique dans un pays et une pratique professionnelle dans un autre, mais peinent encore à aboutir à de véritables cursus co-diplômants.

Zoom sur l’accord franco-allemand sur l’apprentissage transfrontalier

Ratifié en décembre 2023 par la France et en juillet 2024 par l’Allemagne, cet accord crée un cadre juridique sécurisé pour les jeunes en formation. Depuis son entrée en vigueur le 1er mars 2025, il facilite la mobilité des apprentis français souhaitant réaliser tout ou partie de leur formation théorique ou pratique dans l’un des trois Länder frontaliers allemands : Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Sarre.
Ce dispositif marque une étape importante vers la création d’un véritable espace européen de l’apprentissage, en favorisant la reconnaissance mutuelle des parcours et des compétences de part et d’autre de la frontière.

Référents thème Citoyenneté et Education à la MOT

Nicolas Garcia,
Vice-président de la MOT, Vice-président du Département des Pyrénées-Orientales
Martina Benedetti Marshall
Chargée de mission Projets européens et internationaux