Introduction

Les frontières sont des lieux de rencontres, d’échanges et de partage des cultures. La coopération culturelle transfrontalière favorise le processus d’effacement des « effets frontière » et de rapprochement des communautés. Elle peut revêtir un rôle essentiel, notamment dans les espaces qui ont connu de multiples mouvements de frontières : en se référant aux racines culturelles communes, elle crée des liens entre les populations et permet de dépasser les clivages du passé. C’est au sein des territoires transfrontaliers que se forgent des espaces communs de développement et de citoyenneté européenne – les projets culturels transfrontaliers, très visibles pour les populations locales, rapprochent l’Europe des citoyens en rendant sa réalité concrète dans la vie quotidienne.

Le potentiel de la coopération culturelle transfrontalière

La coopération culturelle constitue souvent une première étape vers le développement de coopérations plus larges et plus structurantes, comme en témoigne le nombre importants de projets culturels soutenus par les programmes européens Interreg.

La frontière met en contact deux univers nationaux différents, mais aussi, parfois, deux cultures nationales ou régionales proches (avec des langues souvent semblables ou proches). Lieu de confrontation des pratiques et d’acquisition de compétences interculturelles, le territoire transfrontalier pose la question du multilinguisme, de la production et du partage des connaissances, de l’accessibilité aux processus de création et de la citoyenneté.

La culture apporte une contribution essentielle à la cohésion territoriale et au développement durable des territoires transfrontaliers, selon les trois piliers suivants :

  • l’économie : avec le développement transfrontalier d’industries culturelles et créatives ;
  • la cohésion sociale : l’insertion professionnelle et l’inclusion sociale promues par des projets culturels ;
  • l’environnement : des projets portant sur le paysage, le patrimoine naturel ou culturel.

La contribution des projets culturels transfrontaliers à la cohésion territoriale ressort des nombreuses analyses qui ont pu être faites de ces projets. A ce propos, les mesures suivantes ont été identifiées comme favorisantes :

  • promouvoir le bilinguisme,
  • promouvoir la mobilité du public et des créateurs,
  • transmettre au mieux l’information culturelle au public transfrontalier.

Des besoins structurels nombreux

Très présente dans la coopération transfrontalière, la culture a souvent initié de nouvelles pratiques transfrontalières auprès des professionnels comme des populations.

L’intégration de la culture dans une perspective transfrontalière

Ceci implique, pour les acteurs culturels, collectivités publiques comme professionnels, de faire évoluer leur réflexion et leurs pratiques, et de déterminer une approche commune des enjeux culturels transfrontaliers, soit :

  • Penser le lien culture et territoires transfrontaliers dans une dimension plus transversale
    – Penser la culture en lien avec le développement économique, social et environnemental des territoires transfrontaliers, en insistant sur les dimensions de connaissance, de développement durable et de citoyenneté.
    – Favoriser l’intégration de l’ensemble des secteurs culturels au sein de cette approche transversale (spectacle vivant, patrimoine, lecture publique, etc.).
    – Réfléchir, en termes de montage de projets culturels transfrontaliers, à la spécificité de tels projets.
  • Penser la coopération culturelle transfrontalière dans une dimension plus stratégique
    Pour les collectivités, définir une stratégie commune de développement et de développement culturel du territoire transfrontalier en tenant compte :
    – des enjeux propres à chaque secteur culturel (patrimoine, spectacle vivant, arts visuels, lecture publique, etc.),
    – des enjeux propres à chaque espace transfrontalier (régions d’outre-mer, espaces montagneux, espaces maritimes, etc.),
    – pour les opérateurs, intégrer cette dimension en termes de développement de leur structure et de stratégie à long terme, en articulation avec le développement de leur territoire.
    – avec une attention particulière, en interne à l’Union, aux frontières avec les nouveaux Etats membres et, aux frontières extérieures, au développement d’un espace de prospérité, de stabilité et de paix dans les zones de voisinage.
  • Définir des politiques culturelles transfrontalières structurées, concertées et articulées
    – Définir des politiques culturelles transfrontalières reposant sur un portage politique fort des collectivités, un décloisonnement des acteurs, comme une réelle appropriation de ces enjeux par les opérateurs culturels.
    – Favoriser l’articulation et la coordination des différents échelons de collectivités publiques, des cadres d’action et des dispositifs.

L’information et l’accompagnement des opérateurs culturels

La condition préalable pour la réussite d’un projet culturel transfrontalier est la volonté des acteurs de coopérer. Leur motivation doit être accompagnée par une communication forte. Pour ce faire, le besoin de mise en réseau des partenaires, ainsi que d’une information claire et transparente vis-à-vis des possibilités de financement, est fortement exprimé par les opérateurs culturels eux-mêmes.

Les besoins d’accompagnement des opérateurs culturels visent également à :

  • Favoriser une autonomisation des opérateurs dans leurs démarches de coopération (notamment favoriser une professionnalisation de ces opérateurs).
  • Favoriser une diversification et une complémentarité des acteurs comme des projets de coopération culturelle transfrontalière (en termes de secteurs, de thématiques et de couverture des territoires transfrontaliers).
  • Permettre aux opérateurs de se projeter comme acteurs essentiels de la constitution et du développement d’espaces transfrontaliers communs.
  • Permettre aux opérateurs d’acquérir des compétences interculturelles de gestion de projet.

Référents thème Culture et Langues à la MOT

Nicolas Garcia
Vice-président de la MOT, Vice-président du Département des Pyrénées-Orientales
Silvia Gobert-Keckeis
Responsable administratif, financier, Vie de l’association et Partenariats européens