Pourquoi le Luxembourg ne cesse d’attirer autant de travailleurs frontaliers ?

Malgré sa superficie, le Grand-duché n’en finit pas d’attirer des compétences de toute l’Europe. Un seuil symbolique a d’ailleurs été franchi en 2018, avec 100.000 navetteurs. Il s’agit du nombre de travailleurs frontaliers français effectuant le trajet, chaque jour vers ce pays situé au cœur des échanges en Europe. Ce chiffre avoisinera les 150.000 dans les quinze prochaines années.

Cet État doit sa prospérité, historiquement à la sidérurgie puis au secteur financier mais contrairement aux idées reçues, il la doit aussi à la diversification de son économie dans le domaine industriel comme dans le développement des services, à une politique sociale inédite construite dans le consensus grâce à des accords de coalition et à la co-construction avec les partenaires sociaux qui proposent des services aux salariés. Avec une rémunération minimale au 1er janvier 2019 de 2.071,10 € brut/mois et une augmentation prévue de 200€ dans le courant de l’année, le Grand-duché détient le record du salaire minimal, le plus élevé d’Europe.

Sa politique familiale (allocations, aides significatives pour l’accueil en crèche) n’est pas étrangère à cette attractivité.
La gratuité des maisons-relais comme de l’enseignement de la musique est par ailleurs annoncée. Dès le plus jeune âge, les enfants apprennent trois langues et ce n’est pas sans conséquence sur la capacité du pays à exporter ou à s’ouvrir au monde. C’est un pays de forte immigration et force est de constater qu’elle participe à sa prospérité.

Ces ingrédients renforcent cette attractivité auprès des frontaliers, devenus indispensables à son modèle économique.
L’effort porte désormais sur la mobilité car il est indéniable qu’un certain retard a été pris nuisant à la qualité de vie compte tenu de la trop large place laissée à la voiture individuelle.

Les investissements annoncés (infrastructures mais aussi gratuité des transports unique au monde à l’échelle d’un État) permettront de rattraper une partie du retard au Grand-duché mais un co-développement transfrontalier est devenu urgent et nécessaire.

Reste un défi, ouvrir un nouveau réservoir de croissance, car de premières difficultés de recrutement apparaissent au Grand-duché. Il s’agit du vaste chantier du co-développement en s’appuyant sur toutes les forces vives du Nord-Lorrain comme de celles de nos amis Luxembourgeois afin que chacun, dans son domaine de responsabilité "produise" des projets innovants qui créent du lien et de la valeur ajoutée au bénéfice de chaque versant.

Article rédigé par "Frontaliers Grand Est".

Lire l’éditorial d’Edouard Jacque, Président de Frontaliers Grand Est, Conseiller régional, Région Grand Est.

Accédez à tous les contenus associés