La frontière franco-hispano-andorrane, matérialisée par les Pyrénées, se caractérise par sa dimension physique et naturelle. Elle constitue un obstacle au développement des transports transfrontaliers, et limite les échanges et le volume des flux de part et d’autre de la frontière. Cependant ces difficultés de franchissement n’ont pas empêché le développement d’une coopération de proximité dynamique.

Des flux concentrés

Les flux de travailleurs frontaliers y sont restreints en comparaison avec d’autres frontières. C’est dans le département des Pyrénées-Atlantiques que l’on trouve le plus de travailleurs frontaliers : 3175 frontaliers résidant dans ce département travaillent en Espagne (chiffre de 2019).
La problématique des infrastructures de transport transpyrénéennes est centrale. Par la configuration géographique de la frontière et les points de passage relativement peu nombreux, les flux de diverses natures (personnes, marchandises) sont concentrés sur les extrémités du massif dont les franchissements autoroutiers sont les passages frontaliers français les plus fréquentés par les poids lourds. Cela rend les blocages à la frontière particulièrement problématiques. Cette importance du trafic poids lourds est à relier à la rupture de charge ferroviaire à la frontière (différence d’écartement des rails en France et en Espagne est, en effet, défavorable au fret ferroviaire). Par conséquent, les acteurs transfrontaliers insistent sur le manque de connections routières et ferroviaires entre les deux pays malgré une croissance exponentielle du trafic et de grands projets d’infrastructures (lignes à grande vitesse…)

Territoires centraux

Les versants français et surtout espagnols sont faiblement peuplés (à l’exception notable de l’Andorre, de la Cerdagne et des zones littorales). La composante naturelle et rurale détermine fortement la nature des relations de coopération transfrontalière, caractérisées par l’économie rurale, le tourisme, la culture et la protection de l’environnement et des ressources. Ces relations très locales a parfois été l’objet d’accords ou de micro traités transfrontaliers, pour certains très anciens, comme le Tribut des trois vaches (Junta de Roncal), de 1375, et ayant trait à l’encadrement d’échanges économiques et ruraux, donnant parfois lieu de nos jours à une fête locale. A titre d’exemple la Communauté de Communes Pyrénées Haut Garonnaises et le Conselh Generau d’Aran organisent chaque année une cérémonie de commémoration des 505 ans du Traité des Lies et Passeries. Ces Traités des « Lies et Passeries » sont des accords passés entre les communautés rurales des vallées françaises et espagnoles des deux côtés de la frontière, pour la paix et la gestion des pâturages, dès la fin du XVème siècle.

  • Communauté de Communes Pyrénées Haut Garonnaises – Conselh Generau d’Aran : un accord-cadre a été signé entre les deux collectivités pour notamment mettre en place un groupe de travail transfrontalier dont la mission première est de proposer « un engagement de coopération et de partenariat transfrontalier entre les deux territoires durables dans le temps ». L’accord cible également des axes prioritaires de travail comme le développement durable, la culture, l’économie, la sécurité, l’agriculture, le tourisme et les infrastructures. Plus d’infos
  • Coopération entre espaces naturels : dans une perspective de développement durable intégré, la coopération transfrontalière franco-espagnole se développe également entre différents parcs naturels, régionaux et nationaux qui s’unissent afin d’optimiser leurs actions de protection environnementale sur un ensemble territorial cohérent. Les exemples sont multiples : la coopération entre le Parc national des Pyrénées et le Parc national Ordesa-Mont-Perdu, celle entre le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises avec le Parc catalan espagnol Pallars Sobira, ou du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes avec ses interlocuteurs sur le versant sud. Le Parc des 3 Nations, situé entre la France, l’Espagne et l’Andorre, regroupe quatre parcs déjà existants et est l’un des espaces protégés transfrontaliers les plus vastes d’Europe.
  • Plateau Cerdan : situé à l’ouest du département français des Pyrénées-Orientales, le plateau cerdan, au milieu duquel passe la frontière, est un véritable bassin de vie transfrontalier à 1 200 mètres d’altitude. Quelque peu isolé des deux pays, le plateau est atteignable seulement par des cols et des tunnels. La continuité urbaine entre Puigcerdá et Bourg-Madame et l’enclave espagnole de Llivia en territoire français a permis la multiplication des relations transfrontalières d’envergure : on remarque notamment le projet sans équivalent du premier hôpital transfrontalier à Puigcerdá. Il est également important de mentionner la création en 2011 du GECT Pyrénées-Cerdagne pour structurer ce territoire rural transfrontalier de 30 000 habitants.
  • Territoire « Pirineos-Pyrénées » : le GECT « Pirineos-Pyrénées » a été créé le 13 mars 2018. Il réunit les principales collectivités du centre de la chaîne pyrénéenne et fusionne en une seule structure des organismes préexistants : le tunnel Aragnouet-Bielsa et les deux GECT Huesca-Pirineos-Hautes-Pyrénées et celui du col du Pourtalet. L’objectif est une meilleure mutualisation pour une coopération plus efficace à travers un organisme unique, et notamment la mutualisation de la gestion et du développement d’infrastructures transfrontalières.
  • Principauté d’Andorre : la Principauté d’Andorre constitue un territoire spécifique, enchâssé entre l’Espagne et la France. Elle n’est reliée que par un seul col à 2 000 mètres d’altitude à la France (aux confins de l’Ariège et des Pyrénées Orientales), alors qu’une vallée à 800 mètres d’altitude relie son territoire à la Catalogne espagnole. Densément peuplée, de langue catalane, avec une économie longtemps fondée sur le commerce (vente de produits détaxés) et le tourisme, la Principauté a entamé un vaste plan de modernisation à la fois économique (diversification de son économie, ouverture aux investisseurs étrangers, introduction d’un régime fiscal, etc.) et politique (ouverture institutionnelle à l’Europe, intégration au programme Interreg POCTEFA, participation à la CTP, relances de partenariat avec le versant français, etc.). Cette volonté de dynamisation de la coopération transfrontalière se manifeste également par la modification du Traité de Bayonne en 2010, pour marquer l’adhésion de l’Andorre.

Versants littoraux

  • Le littoral basque : le Pays basque historique est situé de part et d’autre de la frontière franco-espagnole : la partie française, Iparralde, correspond à la moitié occidentale du département des Pyrénées Atlantiques ; au sud, la partie espagnole comprend la Communauté autonome basque (Euskadi) et une partie de la Navarre. La proximité culturelle importante qui unit les deux versants de la frontière constitue le support des nombreuses coopérations qui lient les deux territoires.
  • L’Eurorégion Nouvelle Aquitaine-Euskadi-Navarre est également un moteur pour la coopération et porte de nombreux projets.
  • Le littoral catalan : s’il n’y a pas de continuité urbaine au sens strict sur le versant catalan, les échanges sont cependant très nombreux (pratiques commerciales, culturelles, économiques, familiales, etc.). La mise en service de la ligne à grande vitesse entre Perpignan et Figueras, qui se prolonge en direction de Gérone et de Barcelone vient renforcer les liens et les potentialités d’interactions. Le territoire catalan transfrontalier, entre le département des Pyrénées-Orientales et la Généralité de Catalogne au sud, fait l’objet de nombreuses coopérations.