Deuxième réunion du groupe de travail de la MOT : des solutions concrètes pour réduire les tensions sur l’emploi transfrontalier

Le 13 octobre, la MOT a réuni plus de 50 participants pour la deuxième séance de son groupe de travail consacré aux métiers en tension dans les territoires frontaliers. Co-animé par Nathan Sourisseau, vice-président de la MOT délégué à la Transition économique et à l'Emploi et conseiller communautaire de Grand Besançon Métropole, et Jean Rubio, chargé de mission à la MOT, cet échange a permis d’approfondir les constats établis lors de la première rencontre du 12 mai et d’avancer vers un plaidoyer collectif prévu pour le début de l’année2026.
L’entreprise Actemium a participé aux échanges du groupe de travail. Située à proximité de la frontière suisse, elle fait face à des difficultés de recrutement en raison de l’attractivité du marché suisse.

Des tensions partagées, des réalités contrastées

Sur l’ensemble des frontières françaises – suisse, luxembourgeoise, belge, allemande, italienne, espagnole, andorrane et monégasque, les mêmes secteurs apparaissent en tension : santé, bâtiment, industrie, hôtellerie-restauration, agriculture et numérique.
Près de 500 000 travailleurs frontaliers résident en France et exercent dans les pays voisins, entraînant des effets de concurrence salariale qui fragilisent l’emploi local. Si la Suisse et le Luxembourg concentrent l’essentiel des flux, les tensions se retrouvent, à des degrés divers, sur toutes les frontières.

Six grands enjeux structurants

Le groupe a retenu six axes de travail, autour desquels ont été formulées plusieurs propositions :

  • Concurrence salariale avec les pays voisins
    → Réduire les écarts de rémunération grâce à des mécanismes fiscaux ou sociaux incitatifs, soutenir les entreprises locales innovantes en matière de fidélisation, et expérimenter des zones franches .
    → Encourager le développement économique transfrontalier par l’installation d’entreprises étrangères côté français, notamment dans l’Arc jurassien.
  • Métiers en tension communs de part et d’autre de la frontière
    → Mettre en œuvre des formations cofinancées et labellisées transfrontalières, favoriser la reconnaissance mutuelle des certifications, développer des filières économiques locales partagées et des dispositifs d’intérim transfrontalier.
  • Logement et coût de la vie
    → Développer un parc de logements accessibles pour les travailleurs locaux, moduler la fiscalité foncière selon les revenus et lieux de travail, et expérimenter un mécanisme de bonus/malus pour compenser le surcoût du logement.
    → Adapter les politiques foncières et sociales (ex. Bail Réel Solidaire dans le Genevois français) pour renforcer l’attractivité résidentielle.
  • Fiscalité et reversement solidaire
    → Expérimenter un mécanisme de co-développement entre États voisins pour soutenir les territoires fournisseurs de main-d’œuvre (ex. modèle de la compensation financière genevoise).
    → Créer des fonds de solidarité transfrontaliers pour financer les infrastructures de transport et de services publics.
  • Conditions de vie et de travail
    → Valoriser les atouts du versant français : meilleure qualité de vie, mobilité réduite, avantages sociaux et salariaux, initiatives en faveur du télétravail et de la semaine de quatre jours.
    → Promouvoir les filières non délocalisables et renforcer les dispositifs d’accueil des travailleurs (« Welcome pack », primes à l’installation…).
  • Accès simplifié à l’emploi et reconnaissance des compétences
    → Lever les obstacles administratifs par des guichets uniques transfrontaliers et des expérimentations inspirées des programmes européens B-Solutions et BRIDGEforEU.
    → Faciliter la mobilité professionnelle, notamment pour les bénéficiaires du RSA, grâce à des incitations financières et à la reconnaissance mutuelle des diplômes.

Vers un plaidoyer commun

Les participants ont insisté sur la nécessité d’un équilibre « gagnant-gagnant » entre territoires, sans opposer frontaliers et non-frontaliers et d’élaborer des solutions concrètes et coordonnées.

Les propositions du groupe nourriront un plaidoyer collectif de la MOT et de ses partenaires, qui sera abordé lors des Assises nationales de la coopération transfrontalière le 4 décembre à Paris, avant une publication officielle début 2026.

« L’objectif est de renforcer l’équilibre global entre les versants frontaliers et de contribuer à accroître à la fois l’attractivité et la robustesse du système économique de chaque zone frontalière. Ce groupe de travail montre qu’il y a véritablement matière à approfondir, et cela légitime pleinement le travail et l’énergie que nous y consacrons », a conclu Nathan Sourisseau.