Tourisme

Typologie et exemples de projets

Les projets touristiques transfrontaliers peuvent être classés en deux catégories : certains reprennent à un niveau transfrontalier des offres touristiques déjà existantes (homogénéisation des offres, commercialisation et promotion conjointes, mise en réseau…) et d'autres sont conçus dès l'origine dans une dimension transfrontalière.

  • GESTION, VALORISATION COMMUNE ET MISE EN RESEAU DE SITES CULTURELS ET TOURISTIQUES FRONTALIERS 

Accessibilité commune à des sites touristiques
Les territoires frontaliers visent à faciliter l’accès aux sites touristiques par la création des “pass musées”, comme le Museums-PASS-Musées donnant l’accès à 320 musées, châteux et jardins en France, en Suisse et en Allemagne ; ou le Pass découverte de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau.

Elaboration des guides et cartes transfrontaliers 
Les guides et cartes permettent aux touristes de mieux s’orienter dans les espaces transfrontaliers et de comprendre la culture du voisin. Le guide et la carte de l’Eurométropole Lille-Kortrijk Tournai ou la brochure touristique Bienvenue dans la Grande Région peuvent servir d’exemples.

Création d’une offre touristique transfrontalière et sa promotion 
A l’ère du numérique, de nombreux territoires développent des portails internet communs (Léman sans frontières) ou des applications smartphone (Traverse à la frontière franco-suisse ou Smart destination à la frontière franco-italienne) pour promouvoir les destinations touristiques auprès d’un large public cible.

Mise en réseau des sites touristiques existants
Certains projets transfrontaliers regroupent des sites touristiques de part et d’autre de la frontière pour assurer leur promotion et valorisation à l’échelle transfrontalière. Ainsi, le projet Jardinalp regroupe 8 jardins alpins français et italiens, le projet Routes Singulières regroupe 6 petites et moyennes villes à la frontière franco-espagnole ou encore le projet Terra Salina réunit 4 sites sauniers français et suisses.

Promotion du tourisme durable, développement de l’éco-tourisme 
L’enjeu majeur du secteur est d’assurer le développement durable des destinations touristiques. Le projet Green Pyrenees Slow Tourism promeut la revitalisation des Pyrénées en favorisant les mobilités douces, Espace bleu de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai vise à développer le tourisme durable en réaménageant les espaces autour des cours d’eau.

Accompagnement des acteurs touristiques
Des projets touristiques transfrontaliers ne ciblent pas uniquement des touristes mais également des professionnels du secteur. Les projets Transfrontour et Ardenne Ecotourism accompagnent les professionnels (tels que hébergeurs ou gestionnaires de sites) dans le développement de leur offre touristique adaptée au contexte transfrontalier. L’objectif est de faciliter une mise en réseau des acteurs, d’assurer l’échange de bonnes pratiques et de promouvoir une gestion responsable des activités touristiques.

  • CREATION DES EQUIPEMENTS TOURISTIQUES TRANSFRONTALIERS

Création des itinéraires de découverte transfrontaliers
En création de nouveaux itinéraires, les territoires transfrontaliers visent à mettre en valeur des espaces naturels par lesquels passe la frontière. Dans l’esprit du tourisme vert, ces itinéraires sont aménagés pour les mobilités douces – les cyclistes et les piétons. Les projets Ardenne cyclo (franco-belge), TransGarona (franco-espagnol), VéloViso (franco-italien) travaillent sur la création et la connexion des véloroutes touristiques en transfrontalier. Le projet Greenlinks a pour objet d’aménager les voies vertes entre les trois versants de l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai afin de permettre de découvrir le territoire aux randonneurs de manière continue. La route historique Haute Route du Sel à la frontière franco-italienne créé une liaison transfrontalières pour les passionnés de motocyclisme et de véhicules tout-terrain. 
L’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, dans son projet Vélo Gourmand, vise à valoriser un circuit vélo franco-allemand en l’enrichissant par un côté gourmand – les dégustations des produits locaux sont préparés tout au long du trajet.

Construction de nouvelle infrastructure transfrontalière
Un manque d’accessibilité aux sites touristiques de part ou d’autre de la frontière peut se révéler comme un obstacle important ; d’où la nécessité de créer de nouvelles infrastructures favorisant le tourisme. Le téléphérique du Salève à la frontière franco-suisse permet aux visiteurs de profiter d’un panorama unique sur Genève, ainsi que de pratiquer la parapente, l’escalade, la randonnée ou le ski. Le Géotrain pyrénéen facilite l’accès au géotourisme grâce à la voie ferrée sur le territoire pyrénéen.

Aménagement et valorisation des parcs naturels
Les espaces naturels à proximité des frontières peuvent être mieux valorisés avec la création de parcs naturels transfrontaliers ou une coopération accrue entre des parcs situés de part et d’autre de la frontière. Ainsi, quatre parcs à cheval entre l’Espagne, la France et l’Andorre se sont regroupés en Parc des Trois Nations ; le Parc naturel régional Scarpe-Escaut côté français et le Parc naturel des Plaines de l’Escaut côté belge coopèrent au sein du Parc naturel transfrontalier du Hainaut.
Autre exemple : deux parcs nationaux à la frontière franco-espagnole, le parc national des Pyrénées et le parc national Ordesa y Monte Perdido coopèrent dans le cadre du site transfrontalier "Pyrénées-Mont Perdu" inscrit depuis 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, avec trois axes de coopération : "Améliorer la connaissance du bien patrimoine mondial", "Développer une offre touristique transfrontalière" et la "Sensibilisation, transmission, partage" (définis dans le cadre du programme POCTEFA). 
A la frontière franco-allemande, le Parc Rhénan PAMINA a pour objectif de créer une “région musée” au cœur de l’espace transfrontalier - un réseau des “sentiers de découverte et d’interprétation” permet aux randonneurs de découvrir les paysages des deux côtés du Rhin.

 

Photo : Vélo Gourmand de l'Eurodistrict Strasbourg Ortenau.
Copyright : Isabelle Hipp

Valorisation des massifs frontaliers
Le tourisme est un enjeu fort pour les massifs frontaliers où il apparaît comme un vecteur d’activité et d’attractivité important. Le tourisme contribue au dynamisme économique de la montagne et à la création de l’emploi. Parmi tous les massifs, le Massif des Alpes est le plus soumis à une forte pression touristique, notamment près du Mont Blanc. L’initiative l’Espace Mont-Blanc vise à mieux concilier la fréquentation touristique en protégeant l’exceptionnel patrimoine naturel et environnemental ; il s’est investi dans le projet Autour du Mont-Blanc proposant des itinéraires thématiques pour la randonnée pédestre. A la frontière franco-italienne, l’ambitieux projet "Terres Monviso" autour du Mont Viso regroupe de nombreux partenaires français et italiens dans le cadre d'un "Plan intégré territorial" (PITER), proposé par le programme ALCOTRA 2014-2020. L'objectif est de mettre en place une stratégie commune pour le développement du territoire transfrontalier et d'un "tourisme sans frontières". Les financements européens seront diffusés autour de quatre axes : l'économie verte, les mobilités et la gestion des risques, le tourisme international et le bien vieillir.
Sur le territoire des massifs transfrontaliers, les Groupements Européens de Coopération Territoriale (GECT) ont été créés pour une coopération plus approfondie: GECT Pirineos-Pyrénées, GECT Pirineus-Cerdanya et GECT Pays d’Art et d’Histoire Transfrontalier à la frontière franco-espagnole ; GECT Parc européen Alpi Marittime-Mercantour à la frontière franco-italienne. Tous ces Groupements comprennent un volet sur la coopération transfrontalière dans le domaine du tourisme.

Promotion transfrontalière du tourisme d’hiver
Concernant le tourisme d’hiver, il existe quelques stations de ski transfrontalières : G.I.E. Portes du Soleil (France-Suisse), Espace San Bernardo (France-Italie), Via Lattea (France-Italie) et un forfait de ski transfrontalier : Mont-Blanc Unlimited. Certaines stations à proximité de frontières ont choisi de connecter leurs infrastructures (remontées mécaniques, téléphériques), d’autres leurs pistes de ski (voir la carte).