Logement, habitat, foncier

Spécificités du marché immobilier dans les espaces transfrontaliers

Les grandes différences des prix dans les marchés immobiliers de part et d’autre de la frontière encouragent la population locale à s’installer plus d’un côté que de l’autre. Dans les espaces franco-luxembourgeois et franco-suisse (notamment dans le Grand Genève), cette dynamique est particulièrement importante, avec de nombreux habitants s’installant du côté français. Typiquement, le choix d’habiter en France permet aux frontaliers de bénéficier d’un logement plus grand à prix plus avantageux et d’avoir plus facilement accès à la maison individuelle qu’en Suisse ou au Luxembourg. Les frontaliers résidant en France peuvent aussi plus rapidement devenir propriétaires, alors que sur le territoire suisse ou luxembourgeois, ils seraient contraints à rester locataires. A titre d’exemple, seules 18 % des ménages dans le canton de Genève sont propriétaires de leur logement, alors qu’ils représentent plus de 59 % dans le Genevois français. 

Les prix du logement très élevés côtés suisse et luxembourgeois sont influencés par le niveau élevé des salaires locaux ainsi que par les réserves foncières limitées. Un contexte de pénurie de logements est aggravé par la vitesse exorbitante de création de nouveaux emplois non accompagnée par la construction de nouveaux logements. De 2006 à 2013, seulement 1500 logements par an ont été construits dans le canton de Genève, alors que 4500 l’ont été côté français. En 2018, le prix moyen d’un appartement neuf à Genève s’élève à 8 490 euros/m2, tandis qu’il se situe autour de 4 100 euros/m2 dans le Genevois français.

Une forte augmentation de la demande locative dans les espaces transfrontaliers contribue à une augmentation des prix de logements également du côté français. Dans le Grand Genève, les prix augmentent en s’approchant à la frontière, étant les plus élevés dans le pays de Gex (avec le prix moyen de 4 540 euros/m2). Cela crée une situation difficile pour les ménages à revenus moyens travaillant du côté français – touchant une rémunération souvent significativement inférieure à celle des travailleurs frontaliers, leur accès au marché immobilier local se complique. Il est également plus coûteux de construire des logements sociaux dans ces espaces. Les territoires comptant un nombre important de travailleurs frontaliers se retrouvent donc affectés par la croissance des inégalités et la polarisation entre les différentes parts de population.