Crise sanitaire

Le rôle clé des organisations transfrontalières dans la gestion de crise

Les structures transfrontalières ont joué un rôle majeur pour informer les populations pendant la crise. Elles apportent une véritable valeur ajoutée de par leur proximité avec les citoyens (une porte à laquelle les gens peuvent frapper pour obtenir des informations sur les questions relatives aux frontières) ; leur capacité à faciliter le dialogue entre "deux mondes" notamment lorsque deux langues différentes sont parlées et par leur capacité à sensibiliser aux problèmes spécifiques rencontrés par les personnes dont la vie est organisée au-delà des frontières nationales.

Là où les institutions transfrontalières - comme les Groupements européens de coopération territoriale (GECT) - n'existaient pas, les difficultés ont souvent été critiques. Là où elles existaient, elles ont réagi. Les structures locales de la coopération transfrontalière tels que les eurodistricts franco-allemands, proches des citoyens, ont été parmi les premières.


L’Eurodistrict PAMINA a produit une lettre d'information quotidienne bilingue avec des chiffres et des nouvelles actualisées à destination des frontaliers franco-allemands.

A la frontière franco-belge, l’Eurométropole Lille- Kortrijk-Tournai a également été très active pendant la crise. De nombreux citoyens belges et français se sont tournés vers l'institution pour poser des questions liées à leur situation spécifique. Le site Internet de l'Eurométropole a été régulièrement mis à jour avec des informations sur les nouvelles réglementations adoptées par la France et la Belgique.

En plus de ces actions de communication, des enquêtes ont été réalisées auprès des habitants des bassins de vie transfrontaliers pour mieux comprendre les principaux obstacles auxquels ceux-ci ont dû faire face pendant la crise.

L’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine-Euskadi-Navarre a ainsi lancé une enquête sur les conséquences de la fermeture des frontières, depuis le début de la pandémie Covid-19, ayant recueilli plus de 2 200 réponses. Les résultats obtenus ont pu appuyer les actions de plaidoyer de cette dernière auprès des autorités nationales afin de les sensibiliser aux problématiques vécues par les citoyens et les régions frontalières. Pour la première fois, l'Eurorégion Nouvelle-Aquitaine-Euskadi-Navarre a ainsi pu présenter les enjeux transfrontaliers au Congrès des Députés espagnols, à la Commission pour la "Reconstruction sociale et économique", dans un groupe dédié à l'Union européenne.

Dans les zones frontalières françaises où la coopération est la plus poussée, la gestion de la crise a pu être facilitée avec la mise en place de groupes de travail spécialisés.


A la frontière franco-allemande, la région Grand Est a pris l'initiative de mieux coordonner le vaste réseau de structures transfrontalières et de points d'information frontaliers existant afin d'éviter la dispersion de ces structures. Cela a permis de réunir les différentes parties composant le Comité de coopération transfrontalière et tous les Eurodistricts franco-allemands -afin de déployer des actions plus efficaces autour d’une phase coordonnée de réouverture entre la France et l'Allemagne.

La constitution de comités et groupes de travail s’est ainsi transformée en un outil de gestion des crises. Dans de nombreux cas, la composition des comités s'est même élargie pour couvrir des domaines thématiques spécifiques (santé, fiscalité, sécurité sociale), grâce au suivi transversal des projets de coopération spécifiques réalisés par les structures transfrontalières, qui leur ont permis d'avoir des contacts précieux de part et d'autre et d'avoir une vision globale des acteurs mobilisés selon le domaine thématique.