Les Outre-mer

Aire des Caraïbes

Programme de coopération Caraïbes 2014-2020


Géré par la Région Guadeloupe, le Programme opérationnel Caraïbes concerne la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et l’ensemble de la Grande Caraïbe : des îles rattachés à des Etats comme Puerto Rico, Sint Maarten, les Antilles néerlandaises, les îles anglophones des petites Antilles ; des Etats insulaires comme Cuba, Haïti, République Dominicaine, Trinidad et Tobago, la Jamaïque ; des Etats continentaux d’Amérique Centrale du Mexique au Suriname.
Ce programme de coopération comporte donc un volet transfrontalier (Guadeloupe, Martinique et pays de l’OECO) et un volet transnational (coopération sur l’espace de la Grande Caraïbe).
Le programme dispose d’un budget de 85,7 millions d’euros, dont 64,2 millions financés par le FEDER. 
Le site du programme : https://www.interreg-caraibes.fr/

Objectifs du programme


Le programme se décline en 6 priorités stratégiques :

1. Renforcer la compétitivité des entreprises par la mise en œuvre de projets conjoints à l'échelle de la Caraïbe impliquant les acteurs de la recherche, de la formation et des entreprises.
Il s’agit d’accompagner  la diversification des économies caribéennes, afin de dépasser  la dépendance à l’agriculture et au tourisme, en développant par exemple les secteurs économiques valorisant les ressources naturelles dans la pharmacie, la cosmétique ou l’énergie.
Il est aussi primordial d’accroître la performance du tissu économique et la compétitivité des entreprises, et d’encourager les démarches innovantes. La recherche et l’innovation doivent être renforcées, notamment dans les secteurs d’avenir tels que le numérique, la santé, l’énergie, les services environnementaux etc. Les secteurs traditionnels présentent également des potentiels de croissance qu’il convient de développer.
Enfin faciliter les échanges commerciaux est un enjeu essentiel pour les économies caribéennes.

2. Renforcer la capacité de réponse aux risques naturels par l'amélioration des connaissances des risques naturels et la mise en place de systèmes communs de gestion des risques, notamment le développement d'outils partagés. d'observations ou de système d'information géographique (SIG) adaptés à la gestion des crises. La vulnérabilité du territoire est par ailleurs renforcée par le changement climatique.

3. Protéger l'environnement culturel et naturel en améliorant la gestion des espaces vulnérables ou protégés et en développant conjointement un tourisme durable dans la Caraïbe.
Ce défi passe par la protection de la biodiversité, patrimoine de la zone menacé par les activités humaines. Il passe aussi par la diminution des pollutions, les petites économies insulaires de la Caraïbe étant des économies très polluantes en termes d’émission de CO2, de rejet de pesticides et de déchets dans l’écosystème marin, de pollution des eaux et de polluants organiques persistants.
Il s’agit en outre de renforcer et d’améliorer la gestion de l’eau et des déchets.

4. Répondre aux problématiques communes de santé à l'échelle de la Caraïbe par des mesures conjointes de prévention et de gestion des pandémies, notamment des actions innovantes en matière d’e-santé.

Il existe des maladies et infections spécifiques à la Caraïbe, qui se diffusent par divers vecteurs: dengue, chikungunya, leptospirose, etc. Certaines  affections métaboliques touchent les mêmes populations indiennes et afro caribéennes (hypertension artérielle, diabète) et le VIH y a un niveau plus important qu’ailleurs.  Ces problématiques peuvent trouver à l’échelle régionale une réponse plus pertinente et mettent en évidence la dimension "gagnant-gagnant" de la coopération régionale.

5. Soutenir le développement des énergies renouvelables avec les pays de l'OECO.

Les économies de la Caraïbe sont très fortement dépendantes du pétrole, mais le potentiel naturel pour les énergies renouvelables est riche et varié (solaire, éolien, géothermie, hydraulique, puissance maritime et bioénergie). Le cadre réglementaire a longtemps été inadéquat et défavorable aux ENR (situations de monopoles d’Etat sur le marché des énergies, accord Petrocaribe). Il est nécessaire de pousser vers un changement d’orientation des politiques et de tirer parti de la volonté de certains Etat pour permettre l’essor du secteur. L’OECO notamment est très active sur ce sujet (cf. Création en cours de l’Agence de régulation de l’énergie ECERA).

6. Renforcer le capital humain par le développement de la formation en langues de la Caraïbe (anglais, espagnol, français) et de la mobilité étudiante et professionnelle au sein de la Caraïbe.
L’enseignement supérieur dans la Caraïbe a connu un fort essor au cours des dernières décennies, avec notamment le développement de l’Université des West Indies. Dans la zone, il y a également l’université de Guyane (UG) et l’université des Antilles (UA) qui est composée des pôles autonomes de Guadeloupe et de Martinique

Résultats attendus :
1. La création d'un environnement propice au développement d'un courant d'affaires entre les territoires de la zone
2. La mise en place d'une vingtaine de dispositifs d'observation, de gestion et de réponse aux risques naturels dans la Caraïbe
3. Le développement de l'écotourisme
4. Le recul du VIH et des pathologies vectorielles comme la dengue, le chikungunya ou la leptospirose
5.  Le développement des capacités de production électrique à partir de la géothermie et l'augmentation des énergies renouvelables dans le mix électrique, en particulier dans les pays de l'OECO, en Guadeloupe et en Martinique
La participation d'environ 3500 personnes à des initiatives de mobilité transfrontalière ou à des programmes conjoints d'enseignement et de formation.

Autres enjeux identifiés


Le développement des réseaux de transports (maritime et aérien) et le désenclavement des territoires pour améliorer leur accessibilité :
La Caraïbe est un carrefour des continents et une zone stratégiques à plusieurs égards.
- Pour les Etats-Unis car elle est proche de ses côtes, ouvrant la voie au Canal de Panama où passe une grande partie du commerce américain avec le Pacifique et l’Asie (d’autant plus important avec l’ouverture d’un troisième jeu d’écluses) ; parce qu’elle est bordée de pays pétroliers (Trinité-et-Tobago, Venezuela, Mexique) ; et enfin parce qu’elle se situe entre l’Amérique du Nord et les vastes marchés de l’Amérique Latine.
- Pour l’Europe car elle constitue la voie la plus courte de l’Atlantique au Pacifique et un point d’accès à l’Amérique latine.
- Enfin, pour l’Asie le Canal de Panama est la voie maritime la plus courte vers l’Atlantique.
Ainsi la Caraïbe est une voie de passage qui doit pouvoir capter une partie de l’activité. Cependant les territoires et leurs économies restent aujourd’hui fortement isolés et cloisonnés, et la compétitivité des productions sur les marchés voisins est réduite.
Les défis suivants sont à relever :
- Renforcer le réseau de transport, afin de désenclaver les territoires, insérer les économies dans le commerce international et développer le tourisme
- Développer une offre maritime attractive et sécurisée, par exemple en encourageant le cabotage maritime inter-îles. Cela peut servir de point d’appui au développement du tourisme.
- Promouvoir une offre multimodale à travers la structuration des professionnels du transport. Cela permettrait de répondre aux défis particuliers de l’insularité comme l’absence d’offre de transports alternative à la route, l’engorgement des réseaux routiers, le manque d’infrastructures pour l’alimentation autonome des véhicules… Une solution pour y remédier serait le développement de coopérations et expérimentations entre autorités organisatrices des transports.

La vulnérabilité du territoire du fait des risques naturels est renforcée par le changement climatique :
Les conséquences seront lourdes en termes d’aménagement (recul du trait de côte, glissement de terrain, salinisation des nappes côtières, etc.,) et sur des pans entiers de l’économie de ces territoires (urbanisme, agriculture, pêche, tourisme, biodiversité, infrastructures). Les conséquences humaines et économiques de ces évènements sont également considérables, pesant sur le développement: on estime que depuis les années 60, les pays subissent des dommages équivalents à 1% de PIB par an en raison des catastrophes naturelles (source AFD : Cadre d’intervention régional Caraïbe 2013-2015).
Cet enjeu est partagé par l’ensemble des territoires de la Caraïbe. Il est donc une priorité commune pour les organisations régionales et gouvernements de l’espace et un terrain de coopération régionale privilégié.
Exemples d’initiatives :
- le Caribbean Catastrophe Risk Insurance Facility (CCRIF), lancé par la CARICOM : premier mécanisme d’assurance régional au monde pour aider les Etats touchés par des catastrophes naturelles.
- La CARICOM a mis en place des institutions dédiées comme l’agence caribéenne de gestion d’urgence des catastrophes : Caribbean Disaster Emergency Management Agency, CDEMA.
- L’AEC a mis en place un Comité spécial sur les catastrophes naturelles, dont l’objectif est d’établir des réponses coordonnées et de renforcer les capacités institutionnelles des pays dans le domaine de la prévention et de l’atténuation des conséquences des catastrophes naturelles.

L’inclusion sociale, et l’amélioration des conditions de vie :
Il s’agit de continuer à améliorer les conditions de vie des habitants de la zone. Il faut noter une amélioration globale du niveau de vie dans toute la zone au cours des dernières années : en matière d’accès des populations aux services de base : santé, éducation ; ainsi que d’amélioration générales des conditions de vie : logement, transport, salubrité, etc.
Toutefois, d’importants surcoûts, notamment liés à l’alimentation et l’énergie, font de la question de la vie chère un enjeu central pour ces territoires (cf. crise de 2009).
Par ailleurs, les inégalités fondamentales entre les habitants de la zone et les conditions de vie difficiles dans certains pays sont la source de migrations importantes dans la Caraïbe, légales ou illégales. Ces migrations peuvent être perçues comme cause de déséquilibres dans les pays d’accueil (notamment les régions françaises), et posent plus largement la question de la stabilité politique, économique et sociale de la région, du fait des trafics illégaux et de la défaillance de certains Etats.