Alzette-Belval

Contexte historique

Malgré son étendue limitée, la frontière luxembourgeoise est traversée par des flux intenses de personnes, principalement liés à l’emploi transfrontalier. Après avoir connu un développement économique et industriel similaire, basé sur la sidérurgie et l’exploitation des ressources minières, à la suite de la seconde guerre mondiale, les territoires frontaliers luxembourgeois et français se différencient à partir des années 1970.

En effet, le Luxembourg parvient à reconvertir partiellement son économie vers les services, notamment financiers, avant d’investir dans d’autres activités à forte valeur ajoutée. En revanche, la Lorraine connait une perte de ses emplois industriels traditionnels et une montée du chômage. Le démantèlement du potentiel sidérurgique de la vallée commence à partir de 1961 jusqu’à l’arrêt total de la production en 1986. Très rapidement, la faillite des fournisseurs et une émigration massive de la population active entraînent la faillite des fonds de commerce et la dépréciation des biens immobiliers. La Communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA) garde aujourd’hui les traces de l’hégémonie sidérurgique de la première moitié du XXème siècle. Les conséquences de cette activité sidérurgique se traduisent également par la présence d’aléas miniers, qui contraignent fortement le développement des communes. Cependant, la fermeture des usines et le démantèlement des hauts fourneaux laissent place à d’immenses friches industrielles constituant une importante ressource foncière. 85% des friches sur le territoire de la CCPHVA sont possédées par l’Etablissement Public Foncier de Lorraine. De 1968 à 1999, la Communauté de communes a perdu 28% de sa population. Toutefois, depuis 1999, la population du Nord de la Lorraine a augmenté alors que la région connait dans son ensemble un déficit migratoire.

Ces dernières années marquent ainsi la fin d’une crise et ce regain de prospérité s’explique par la proximité du territoire luxembourgeois. En juin 2011, les 76 964 frontaliers lorrains apportent plus de 2.5 milliards d’euros de revenus annuels, soit 10% des revenus lorrains totaux. Le développement du travail transfrontalier, en lien avec l’essor économique du Grand-duché, a permis l’établissement, dans le Nord de l'ancienne région Lorraine, de territoires très dépendants des revenus tirés de l’activité luxembourgeoise. 

Cet effet a tendance à se diffuser de plus en plus au Sud de la Lorraine. Le territoire de la CCPHVA démontre une dépendance toujours plus importante avec plus de 60% des actifs qui travaillent au Luxembourg soit 6870 frontaliers en juin 2015
. La CCPHVA est identifiée comme un ancien territoire productif dépendant de ressources sociales et maintenant en phase de transition vers une économie résidentielle. Parallèlement, de l’autre côté de la frontière, le gouvernement luxembourgeois a décidé de continuer à diversifier son économie. Un effort de diversification est fait par rapport à ses activités financières et à ses services aux entreprises, tout en s’orientant vers la recherche et le développement, ainsi que vers la protection juridique des brevets.

Néanmoins, la région sud frontalière du Grand Duché atteste d’un taux de chômage plus élevé que dans le reste du pays et d’un niveau de formation moins élevé. De plus, le Luxembourg éprouve des difficultés pour pourvoir à ses besoins de main d’œuvre et fait donc massivement appel à l’étranger. Deux tiers des emplois créés reviennent à des frontaliers dont la moitié sont Lorrains. La plupart sont des travailleurs manuels mais le nombre de travailleurs hautement qualifiés, en nombre insuffisant au Luxembourg, est en progression également. Face à la montée du secteur tertiaire et à son essor démographique, le Luxembourg se voit dans l’obligation de construire des bureaux et des logements. C’est pour cette raison que le gouvernement a décidé de régénérer et d’investir massivement dans le sud de son territoire où 500 ha de friches étaient disponibles.

Dans ce contexte, le projet Alzette-Belval s’est imposé, par l’instauration d’une coopération transfrontalière renforcée, comme un moteur incontournable pour l’emploi lorrain et pour le rééquilibrage du territoire franco-luxembourgeois.