Frontière Roumanie-Ukraine

Dates de création de la frontière : 1918 - Tracé actuel sur terre : 1940; sur mer : 1999
Longueur de la frontière : 649 km
Régions concernées : Roumanie : Satu Mare, Maramureș, Suceava, Botoșani, Tulcea - Ukraine : Zakarpattia, Ivano-Frankivsk, Chernivtsi, Odessa

Programme(s) européen(s) :

Présentation

D’une longueur totale de 649 km, la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie a la particularité d’être discontinue car la République de Moldavie sépare les deux parties de la frontière. Le premier segment commence à l’Ouest, au tripoint entre les frontières hongro-roumaine et hongro-ukrainienne. Ce tracé traverse ensuite le massif des Carpates  orientales et s’achève au croisement des frontières de la Roumanie, de la Moldavie et de l’Ukraine. La deuxième partie de la frontière débute à l’Ouest au tripoint formé par les frontières moldave, roumaine et ukrainienne, sur la rive gauche du Danube, et s’achève au bord de la mer Noire.

Historique

Les deux segments de cette frontière discontinue n’ont pas vu le jour au même moment. La première partie du tracé frontalier, celle qui commence au tripoint hongro-roumain-ukrainien et s’achève dans les Carpates, a été établie en 1918 par une commission internationale, suite à la Première guerre mondiale. Quant au reste de la frontière, il  a été fixé en 1940 par une commission soviéto-roumaine crée dans le contexte du pacte Ribbentrop-Molotov de 1939, suite auquel la Roumanie est forcée à céder la Bessarabie à l’URSS. 
Le tronçon principal de la frontière n’a depuis subi aucune modification mais certaines sections ont fait l’objet de contestations, notamment en 1991 et 2009. L’importance de ce contentieux est liée aux ressources naturelles de gaz et pétrole très riches dans cette zone. Le litige porte sur 9 îles, initialement roumaines et occupées par l’URSS en 1945, reconnues comme roumaines par le Traité de paix de Paris de 1947 et ensuite partagées par un protocole spécial entre la Roumanie et l’URSS jamais ratifié par les deux pays. En effet, malgré la chute de l’URSS, les Ukrainiens ont continué d’occuper 6 de ces îles revenant normalement à la Roumanie qui revendiquait donc leur retour.
Le conflit prend fin une première fois lorsque, en 1997, afin de rejoindre l’OTAN, la Roumanie signe le traité de Constanţa, suite à un arbitrage américain, bien que celui-ci soit en sa défaveur puisqu’il entérine la situation courante, à l'exception toutefois des eaux territoriales de l'Île des Serpents, de l'embouchure du bras de Sulina et de l'îlot Maican près de Chilia.  
Suite au démarrage de la construction du canal de Bystroe et au placement unilatéral de balises frontalières trop au sud de l’Ile des Serpents par les Ukrainiens, à proximité de l’aire litigieuse, le contentieux entre l’Ukraine et la Roumanie est ravivé en 2004. La Roumanie saisit alors la Cour internationale de Justice qui règle la situation en 2009 en délimitant précisément la frontière maritime : les 6 iles en litige restent dans le territoire ukrainien et un partage des eaux territoriales de l’Ile des Serpents est fait. Malgré cela, l’îlot Maican et l’embouchure du bras de Sulina demeurent encore aujourd’hui des espaces contestés.

Coopération transfrontalière

Les litiges frontaliers persistants entre ces deux pays n’ont pas favorisé la coopération transfrontalière. De la même manière, alors que la Roumanie appartient à l’Union Européenne ce n’est pas le cas de l’Ukraine.
De ce fait, les deux pays sont unis par deux programmes de voisinage ENPI, les programmes "Roumanie – Ukraine – République de Moldavie" et "Hongrie – Slovaquie – Roumanie – Ukraine". Dans cette zone de l’Europe, la coopération entre deux Etats ne se développe que lentement et il a été choisi de miser sur une coopération interétatique multiple afin de renforcer de façon plus globale l’aire de l’Europe du Sud-Est.
Le premier programme vise à assurer une économie compétitive pour la région frontalière. Pour cela, il met l’accent sur la modernisation et la diversification des activités entreprises dans l’espace frontalier. Le programme s’attache aussi à apporter des solutions écologiques valables à long terme pour la région, notamment dans le but de répondre à de possibles urgences environnementales.
Le second programme présente les mêmes objectifs économiques et environnementaux mais aspire aussi à renforcer la coopération transfrontalière à petite échelle, en favorisant les relations de "personne à personne". 
Cette frontière marque également une limite de l’Union Européenne : les programmes prônent donc une sécurisation des espaces frontaliers mais également une amélioration des transports transfrontaliers afin de mieux contrôler les passages à la frontière.
Le programme Interreg qui réunit les deux pays est aussi dédié à un espace plus large : l’Europe du Sud-Est.
L’Europe du Sud-Est est une zone sensible de la coopération car l’émergence de nouvelles frontières a souvent modifié les caractéristiques des relations entre les différents pays. Avec ces changements constants, il est difficile pour les Etats de s’adapter rapidement à l’Europe et c’est pour remédier à cela que le programme Interreg souhaite agir sur l’ensemble de la zone.
Les spécificités dédiées à la Roumanie et à l’Ukraine ne sont pas précisées, mais l’une des priorités est l’accessibilité et , au vu de la frontière particulière qui sépare les deux pays, elle les concerne directement. En effet, la Roumanie et l’Ukraine sont séparées par une frontière qui est à la fois montagneuse, fluviale et composée d’un autre Etat. Les obstacles à franchir sont donc nombreux. Pour améliorer l’accessibilité entre les deux pays il est important que la planification des différents réseaux se fasse de concert. L’accent doit également être mis sur la multi-modalité qui peut s’avérer particulièrement utile pour franchir une telle frontière.
A un niveau plus local, la coopération transfrontalière s’organise essentiellement au sein de deux Eurorégions  Au nord, l’Eurorégion Prut supérieur créée en 2000 regroupe des territoires de Roumanie, Ukraine et Moldavie. Au sud, l’Eurorégion Danube inférieur (1998) regroupe plusieurs districts roumains, moldaves et ukrainiens.

Copyright Photo : Юрій Репало


Projets de territoire et organes institutionnels de la coopération

Coopération transfrontalière au niveau régional

Eurorégion des Carpates
Eurorégion Danube Inférieur